Les populations locales sont le cauchemar de l'industrie minière. Pour affaiblir la contestation possible, tous les arguments sont bons, même les plus fallacieux. L'enfumage et la manipulation se joignent à des biais plus subtils pour semer le doute, la culpabilité et la division chez les riverains. Décryptage :
Faibles chances de réussir
Les communicants répètent à l'envi que la probabilité de trouver du minerais intéressant est de 2 à 3%. Ces messieurs ne se déplaceraient pas pour si peu. Ils savent lire les cartes et ont compris qu'il y a beaucoup d'or sous nos pieds. Ils ont besoin de trouver où sont les poches rentables, car il y en a certainement plusieurs. Taranis est une zone immense : plus de 45 km de long. Le magot potentiel brille tellement qu'ils n'ont pas peur de s'attaquer à une zone habitée. De plus, les prospecteurs ne sont pas les polleurs finaux. Ainsi ils peuvent parler d'un faible impact lors de la prospection.
Création d'emplois
Il est indéniable que toute installation d'entreprise sur un territoire génère de nouveaux emplois, même lorsqu'une partie est importée. Avant de démarrer l'extraction, la société minière doit construire une usine et des infrastructures pour acheminer l'eau et l'électricité, des voies pour les camions, des bassins de rétention pour contenir la pollution des boues. Par la suite, la mine et les dépots de stériles verront leur taille augmenter. L'emprise au sol empiètera sur les terres cultivées, et la pollution de l'air (poussières toxiques) fera également fuir bien d'autres activités. Autrement dit, moins d'emplois au final ?
Transition énergétique
La transition énergétique n'a pas besoin d'or. L'augmentation de la production de ce métal n'a aucun impact sur les décisions de favoriser ou non le développement d'énergies propres et renouvelables. Autrement dit, accepter une mine d'or sur son territoire ne contribue pas à rendre le monde meilleur en matière d'énergie. En revanche, il faut savoir qu'une mine d'or consomme beaucoup, et sa production de déchets toxiques n'est pas compatible avec une transition énergétique un tant soit peu écologique, soucieuse d'une meilleure protection de notre environnement.
Bonne conscience
Un des communicants de Breizh Ressources ose parler de « responsabilité » de notre part, nous autres contribuables, alors qu'il est payé par une société qui ne paiera pas d'impôts : Breizh Ressources vendra le résultat de ses recherches à Aurania, la maison mère, pour une somme inférieure à ses frais de prospection. Pas de bénéfices, pas d'impôt. Aurania pourra alors revendre les concessions au prix fort, sans non plus payer d'impôts puisqu'elle est enregistrée dans un paradis fiscal. Voilà pour les donneurs de leçons en matière de bonne conscience, qui ne sont pas motivés par davantage d'éthique sur cette planète. L'industrie minière est réputée pour être une des plus polluantes, et une des moins scrupuleuses.
Solidarité
Ouvrir une mine en Bretagne n'empêchera nullement Aurania de prospecter ailleurs. Si un gisement est pressenti dans un pays pauvre, ou une région du monde dans laquelle la population n'a pas la liberté de contester, ils ne s'abstiendront pas de lancer la prospection sous prétexte que nous aurions ici pris notre part dans l'effort de répartition des nuisances. Accepter la mine ici n'empêchera pas la mine ailleurs. Nos bons sentiments, notre souhait d'équité, sont sans effets sur les appétits d'une industrie qui rêve de nous voir résignés, passifs et silencieux. Avec l'industrie minière, l'avenir des populations locales n'entre jamais dans l'équation. Accepter la mine ici n'empêchera pas la dévastation ailleurs.
Patriotisme
Ce nouvel argument nous arrive tout droit de la Préfecture. Il est clair que l'état veut faire plaisir aux miniers et attirer ces industries sur le territoire. Pour faire passer la pillule, on est prêt à utiliser des mots à l'inverse de leur sens : Brader les richesses de notre sous-sol au bénéfice d'une entreprise étrangère, qui les revendra une fortune sur le marché international. La contrepartie pour la France est très réduite (5% des bénéfices de la mine ?). On peut parler d'effort national lorsqu'on enrichit sciemment une société extérieure, mais pas de patriotisme. On devrait plutôt parler de sacrifice, puisqu'on va laisser le sol de la "patrie" dévasté en enrichissant des "puissances étrangères".
Suite : Refuser la prospection